Commentaire de Télérama :
Quand elle noue ses cheveux, Violet, 14 ans, invente des gadgets incroyables. Klaus, 12 ans, a retenu par coeur tous les livres de la bibliothèque. Prunille, elle, n'est encore qu'un bébé, mais ses dents acérées coupent tout ce qui dépasse. Devenus orphelins de manière pas si accidentelle que ça, les trois jeunes Baudelaire échouent chez des parents lointains où les catastrophes s'accumulent...
L'auteur des livres, rivaux en succès de Harry Potter, avait bien précisé que tous ses romans (il en a prévu treize, le onzième vient d'être publié en langue anglaise) commenceraient mal, finiraient mal et que « tout y irait mal d'un bout à l'autre, ou peu s'en faut ». Personne, depuis, n'a percé l'identité de celui qui signe sous pseudo les éprouvantes et drolatiques aventures des enfants Baudelaire (à l'écran, c'est Jude Law qui lui prête sa voix et sa silhouette en ombre chinoise).
Les gamins aimeront-ils le film (inspiré par les trois premiers épisodes de la série) autant que les livres ? Les vieux gamins, sûrement. Ceux qui ont lu Dickens et ont vu les films de Tim Burton, notamment.
Son habituel décorateur, Rick Heinrichs, a créé un univers magique, à la fois gothique et lunaire, qui suggère magnifiquement l'émerveillement et la sourde angoisse de l'enfance. On songe, évidemment, à ce qu'aurait donné ce conte noir et rose si Burton l'avait mis en scène, mais le gentil Brad Silberling (Casper) s'en tire plutôt bien. Aidé par un scénario inventif, une photo superbe et des acteurs (Billy Connolly en collectionneur de serpents, Meryl Streep en veuve phobique) en grande forme.
Quant à Jim Carrey, il interprète le comte Olaf, comédien raté, proche parent des orphelins Baudelaire, qu'il tente obstinément d'occire pour s'approprier leur fortune. Il cabotine avec un enthousiasme communicatif. C'est l'héritier en métamorphoses d'Alec Guinness et de Peter Sellers. Et quand il se penche, de profil, vers les enfants apeurés, dans un décor expressionniste, c'est tout juste s'il n'évoque pas l'Ivan le Terrible d'Eisenstein. Il est dément...